Lors d’une conférence de presse tenue hier (20/10/2014) au Media center de la Présidence du Gouvernement, le secrétaire d’État chargé de la Gouvernance et de la fonction publique, M. Anouar Ben Khelifa, a présenté aux médias le prix des Nations Unies sur l’aptitude des Etats à la Gouvernance électronique remporté par la Tunisie au titre de 2014.
Le prix décerné à la Tunisie lors d’une cérémonie officielle à Astana au Kazakhstan le 7 Octobre 2014, a été reçu par M. Khaled Sellami, Directeur Général de l’unité de l’administration électronique à la Présidence du Gouvernement et M. Chiheb Bouchnak, Sous-Directeur à l’unité.
Ce prix récompense la Tunisie pour avoir obtenu le plus haut rang pour la région africaine en matière d’e-Government « Highest regional e-government ranking for Africa« , et ce dans l’édition 2014 du rapport bisannuel « United nations e-government survey 2014 » de l’ONU.
Dans son allocution, le Secrétaire d’Etat a estimé que cette distinction est le couronnement des efforts nationaux en matière d’administration et de gouvernance électroniques, et d’ajouter qu’il s’agit aussi d’une reconnaissance internationale du progrès accompli en Tunisie dans ce domaine qui ne manquera pas d’améliorer le climat des affaires et d’attirer l’investissement étranger.
Et de conclure :
« En Tunisie, la période à venir sera décisive dans ce domaine en termes de projets et de réalisations ».
Cette conférence a été également l’occasion pour les officiels d’exposer les principales réalisations accomplies dans les domaines de l’e-Government et de l’Open Government en Tunisie ayant contribué à cette consécration au niveau régional, et de présenter un aperçu sur les principaux projets et programmes dans ces domaines.
En matière de Gouvernement ouvert « Open Government« , il a été procédé à la présentation de la démarche tunisienne en vue d’adhérer à la coalition du Partenariat pour le Gouvernement ouvert « Open Government Partnership« , ayant été caractérisée par une approche participative impliquant la société civile et les citoyens dans le cadre d’une consultation pour valider le plan d’action national pour son adhésion.
Rappelons que l’objectif de cette adhésion tunisienne vise à promouvoir les valeurs de la Transparence dans la gestion des affaires publiques, la redevabilité des pouvoirs publics envers les contribuables et la participation citoyenne active dans les décisions la concernant.
Cet engagement des autorités en faveur de la gouvernance ouverte est motivé par son impact direct sur la qualité de vie du citoyen, s’agissant de son droit d’accès à l’information, et l’amélioration de la qualité des prestations publiques, sans parler de son rôle critique dans l’effort national de lutte contre la corruption.
La face cachée de l’iceberg !
Certes, cette distinction honorifique de la Tunisie en matière d’excellence eGov remonte bien le moral de bien de monde autour de nous (y compris nous d’ailleurs) ayant consentis des efforts louables malgré les moyens trop limités à leur disposition et l’absence d’une vision politique éclairée ces dernières années !
Toutefois, ces performances ne devraient pas cacher un scepticisme chez une bonne majorité des intervenants ayant réagi à cette nouvelle. Quelqu’un aurait commenté ceci sur la page Facebook de l’Unité eGov : »Comme si on ne vit pas dans le même pays » ?!
Un autre aurait qualifié cyniquement cette nouvelle de « Blague du jour » !
Sans verser dans la critique non constructive, disons que cette consécration ne devra point cacher les insuffisances et les faiblesses qui portent préjudice à la réalité des prestations administratives en ligne et à l’immobilisme constaté chez une bonne partie de nos administrations lorsqu’il s’agit de veiller à l’optimisation et au développement de leur dispositifs de communication digitale.
Un simple regard citoyen pourra témoigner de la piètre qualité de la présence sur le Net des ministères et structures de tutelle : des sites toujours en Flash, des sites arborant toujours des vœux de bonne année 2014, des sites non compatibles aux devices mobiles, des sites non accessibles aux porteurs d’handicaps, des sites non mis à jour depuis des mois, voire des années, des sites hackés et potentiellement hackables, ou encore et toujours des ministères sans sites web carrément !!!
Sans vouloir paraître rabat-joie envers le paysage .gov.tn, je vous promets un autre post allant dans le sens des insuffisances et contre-performances de l’e-Government en Tunisie, telles que perçues par un acteur et un prestataire de référence au service de l’Administration tunisienne que nous sommes…
Pour l’instant, profitons de cette distinction, fêtons-là sans arrière pensée, sur l’espoir de donner de l’envie à notre prochain gouvernement post-élections de miser sur un Gouvernement 2.0 !
A bon électeur, salut !
