Dans la petite histoire naissante du mouvement « Open Government Data » en Tunisie que nous avons côtoyé (voire même anticipé) de très près, il y a eu toujours un maillon de la chaîne qui faisait presque défaut, abstraction faite de la production massive de jeux de données (Datasets) ouvertes : la réutilisation des données publiques ouvertes pour produire des applications et des représentations (Data-visualization) à caractère innovant, faisant valoir outre la transparence et la redevabilité de l’action publique, un enjeux de taille lié à la création de valeur par l’innovation et l’entrepreneuriat.
Pour combler ce déficit et montrer la vraie valeur intrinsèque de l’Open Data, l’idée à germé depuis un bon bout de temps dans la tête d’un groupe d’activistes et de fervents adeptes du courant Open Data pour organiser un concours d’applications citoyennes, un « Hackathon » pour emprunter le jargon exact, et ce à partir des jeux de données mis à disposition des participants à ce concours organisé à l’initiative de l’association Carthage Business Angels en partenariat avec The Tunisian e-Gov Society et avec le concours d’IEEE et de la communauté TunAndroid.
Baptisé « Hackathon 2015 – Apps for Democracy » (http://appsfordemocracy.tn), ce concours de développement d’applications Open Data représente pour la Tunisie une occasion de plus de prouver la forte mobilisation de l’écosystème numérique tunisien autour de projets numériques à forte valeur ajoutée.
Rassemblant plus de 50 étudiants et développeurs à Médina Yasmine Hammamet durant 2 jours (14-16 novembre 2015) pour mettre à profit les données libérées par les institutions et administrations de l’État et développer des services utiles et innovants pour le bien commun, ce concours de programmation collaborative ambitionne de stimuler l’engagement citoyen et établir le pont entre le gouvernement et ses citoyens dans un élan de e-participation propice à l’innovation ouverte (Open Innovation) et à la co-création.
À croire ses organisateurs, les objectifs de ce concours sont les suivants :
- Favoriser la réutilisation des données publiques numériques disponibles ;
- Encourager le développement de nouvelles applications ;
- Dynamiser la filière numérique ;
- Réutiliser des données publiques pour créer de nouveaux services à travers de nouvelles applications web et mobiles aux citoyens et administrations Tunisiennes.
Genèse du Concours « Apps for Democracy »
D’où est venue l’idée de ce concours de programmation collaborative ainsi que son intitulé ?! Eh bien tout simplement du tout premier Hackathon d’origine « Apps for Democracy » organisé aux USA à Washington DC précisément en octobre 2008. Le fait est que ce concours de programmation citoyenne dont l’organisation a coûté la modique somme de $50,000 a permis à l’autorité organisatrice de récolter 47 applications web et mobiles dont la valeur estimée a été autour de $2,300.000. Derrière ce succès relayé par un coup médiatique sans précédent, un nom à retenir : Vivek Kundra, promu depuis au poste de Chief Information Officer (CIO) à la Maison Blanche lors du premier mandat de Barak Obama, avant de céder son poste pour se consacrer à l’enseignement à Harvard.
Retour aux sources de l’Hacktivisme dot TN
Un petit flash-back pour vous rappeler trois voire quatre événements majeurs ayant contribué à sensibiliser l’opinion et les pouvoirs publics aux enjeux et opportunités de l’hacktivisme (Hacking civique) en général et de l’Open Data (données ouvertes) en particulier, et d’où notre Apps for Democracy détient ses origines :
- Le premier étant une conférence internationale open gov data organisée en avril 2012 par la Présidence du Gouvernement en partenariat avec le PNUD au cours de laquelle j’avais présenté notre projet de plateforme Open Data expérimentale : www.opendata.tn (v2 en cours de gestation) et du attirer l’attention sur l’importance et l’intérêt d’organiser des concours d’applications autour des données ouvertes ;
- Le second fut l’organisation en décembre 2012 du premier Hackathon pour la lutte contre la corruption toujours sous la houlette du PNUD et ce dans la cadre de la célébration de la journée nationale (et internationale) de la lutte contre la corruption le 9 décembre 2012 qui a vu remettre 3 prix aux 3 lauréats du concours par les 3 présidents formant la troika ;
- Le troisième événement, toujours fin décembre 2012, était un atelier tenu à Bizerte intitulé « OpenGov: It’s Better Together » rehaussé par la participation remarquée de Mr. Chris Vein, Senior Manager, ICT Sector à la World Bank et surtout ex CTO à la Maison Blanche ;
- Le quatrième rendez vous, « FW: Tunisia ElecTech Un/conference« , a été organisé par l’ONG américaine Democracy International en mars 2013 au cours duquel on a eu droit à la présence d’un data champion et d’une success story dont le modèle d’affaires est entièrement basé sur l’Open Data. Il s’agit d’Eric Gundersen, CEO de Mapbox, statup 100% open data et ex-président de la prestigieuse entreprise à vocation sociale (Social Business) américaine Development Seed.
Cela va sans rappeler d’autres événements à caractère hacktiviste ayant été organisés un peu partout ici et là avec un impact plus ou moins important.
Pour revenir au Hackathon Apps for Democrcy, l’édition tunisienne !
Au moment même de rédiger ce post, le jury du Hackathon Apps for Democracy Tunisia est en train de se réunir pour évaluer les applications et remettre les prix aux lauréats du concours.
A cet effet, d’avance félicitations aux gagnants du Hackathon « Apps for Democracy 2015″ et grand big up aux participants et coachs (j’en fais parti) qui ont sacrifié leur weekend pour la bonne cause.
Vivement Apps for Democracy 2016 !