open gov tunisie
Publié le 25 avril 2016 · dans Open Government Data, Point de vue

Le Gouvernement ouvert (Open Government) et l’ouverture des données publiques (Open Data) en Tunisie sont des sujets passionnants pour bon nombre de tunisiens avides de transparence, de participation aux affaires de la Cité et surtout de changement de paradigmes, tellement ils étaient échaudés par les pratiques peu orthodoxes de ceux qui les gouvernent pendant des décennies.

Le chapître à rebondissements à la fin « heureuse » du vote de la loi sur le droit d’accès à l’information au sein de l’ARP montre une fois de plus cette ambivalence des gens au pouvoir de « canaliser » -pour ne pas dire ralentir voire carrément freiner- les ambitions de la société civile qui aspire à un modèle de gouvernance « Open by default« .

Si la Tunisie représente aujourd’hui une lueur d’espoir du printemps arabe malgré les dysfonctionnements apparents, force est de constater que les batailles menées par une poignée d’activistes et de personnalités publiques -soutenus par des mouvements citoyens à l’image du fameux groupe Facebook OpengovTN et d’autres organes de la société civile à leur tête l’association Al Bawsala– y sont donc pour quelque chose…

Le dernier rapport de l’Open Data Barometer conforte ce leadership tunisien en matière d’ouverture des données publiques à l’échelle arabe et africaine, mais met la lumière sur le déficit en matière d’impact économique, social et à moindre degré politique de cette course vers l’Open Data Leadership.

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Dans son dernier livre « Les réformes économiques en Tunisie : Une urgence en quête de leadership », l’expert et chercheur en économie Riadh Ben Jelili affirme que l’opacité actuelle des données publiques demeure le principal frein à des économies de dépenses et coûte cher à l’économie tunisienne.

Or aujourd’hui, malgré le capital sympathie dont joui le mouvement naissant de la libéralisation des données publiques auprès de la classe politique toutes couleurs confondues et les « performances » enregistrées, le mouvement se heurte à de profonds blocages culturels enracinés dans l’ADN de l’administration des services publics, qui tente de faire résistance sous le couvert du « Droit de réserve ».

L’autre problème constaté, c’est que les décideurs politiques ont vu dans l’Open Government Data un tremplin de communication politique. Il y a clairement un manque de prise de conscience des responsables publics qui préfèrent satisfaire leur ego en travaillant plus leur image que le fond des choses…

Gare aux prétextes d’instrumentalisation politique des données publiques

Aujourd’hui dans les faits, quand bien même que le cadre juridique le stipule, l’accès à la donnée publique qu’elle soit dans un format ouvert ou pas relève aujourd’hui du parcours du combattant et on te trouve mille et un prétexte pour exaspérer tes vœux d’une administration ouverte par défaut !

L’instrumentalisation politique des données par l’opposition est l’un des arguments souvent avancés par les élus pour s’opposer à la libération d’un jeu de données jugé sensible, oubliant que l’opposition trouvera toujours le moyen de contester les politiques de la majorité, avec ou sans données.

L’argument des données sensibles à la sécurité publique pour diluer la revendication d’ouverture des données est un autre argument avancé dans d’autres cas…

Bref, chez certains de nos décideurs publiques, la devise est simple pour ne pas dire simpliste : « Par défaut, moins vous en donnez, moins vous avez de problèmes » !!!

Pour des politiques publiques éclairées

Les appareils législatif et exécutif doivent mettre l’Open Gov au cœur des politiques publiques s’ils ont la volonté réelle et sans gants de combattre la corruption, l’opacité, la fraude, l’autoritarisme, le favoritisme et autre abus de pouvoir. Pour la société civile, ces politiques volontaristes d’ouverture doivent être le baromètre de l’engagement infaillible de l’état pour lutter contre ces fléaux qui menacent véritablement la transition démocratique de la Tunisie.

Dans ce contexte, le Conseil Stratégique de l’Economie Numérique (CSEN) -qui vient d’accueillir dans son sillage deux membres de la société civile qu’on connaît leur penchant pour l’Open Gov Data-, a un rôle déterminant pour pousser dans le sens d’un « paradigm shift » comme le font d’autres Conseils dans d’autres pays voisins, avec en point de mire, une loi du numérique résolument Open Data-friendly. Pour cela, il doit d’abord montrer l’exemple en matière de transparence en prenant l’initiative d’ouvrir les travaux du Conseil et de rendre public ses activités, comme suggéré à la veille de la dernière réunion du Conseil en date du 8 avril dernier.

Le chemin est encore long mais l’enjeu en vaut véritablement la chandelle ! À bon entendeur…

Nader Yamoun

Auteur : Nader Yamoun

Expert en inbound marketing et Consultant en transformation digitale des Entreprises. Fondateur et Manager de l'agence Web Design, agence digitale web et mobile. Anime à Tunis la communauté Google Business Groups des professionnels du marketing en ligne. Gère un Blog professionnel pour aider les entreprises à faire le cap du digital, baptisé Mon Entreprise En Ligne - MEEL. Profil Twitter | Profil Google+